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Passion Voyage par Charlie

26 juillet 2014

Présentation des parcs nationaux Américains

monument valley

Monument valley : Il y a soixante-dix millions d'années, c'était le fond de l'océan.

Hallucinante enfilade de monolithes de grès, plantés sur une steppe infinie: en Arizona, Monument valley offre un paysage mythique choisi par john ford, en 1933 pour tourner sa "chevauchée fantastique". Il y a 70 millions d'années, les eaux d'un bras du golfe du Mexique se retirèrent à mesure que se soulevaient les montagnes rocheuses, découvrant cette immense étendue, située à plus de 1600 mètres d'altitude. Aiguilles, arches, tables et autres fortins de pierre peuvent atteindre 600 mètres. Les Indiens Navajos ont la garde de ce qui est devenu un "parc tribal", au coeur de leur réserve.

 

sequoia park

Sequoia Park : Ces troncs atteignent 31 mètres de circonférence.

Le Sequoia National Park et son jumeau, le Kings canyon (Californie), abritent des "bouquets" de ces géants. Appelés séquoias mamouths, ils poussent sur le versant ouest de la Sierra Nevada, à une altitude de 200 mètres. Leur tronc mesure en moyenne 25 mètres de tour. Le record (31 mètres) est détenu par un spécimen baptisé General Sherman, qui est aussi l'être vivant le plus massif du monde: 1400 tonnes. Les monstres de la Sierra nevada peuvent vivre entre trois mille et quatre mille ans et doivent leur nom à Sequo-yah, un grand chef Cherokee du siècle dernier. 

yellowstone

Yellowstone : l'hiver, les bisons se réchauffent à la vapeur de geysiers.

Le parc national du Yellowstone (à cheval sur Wyoming, Idaho et Montana) fut le premier créé au monde (en 1872). il est célèbre pour son activité volcanique: il abrite plus de la moitié des geysiers connus. Le spectacle de ces sources d'eau chaude est encore plus impressionnant dans la neige, leurs fumées formant ce que les premiers explorateurs ont baptisé des "clairières de fées". Ces bisons au repos, dans le geyser basin, font partie des trente mille rescapés des grands massacres du siècle dernier. Ce spectacle justifie à lui seul le surnom du parc: "Wonderland, le pays des merveilles".

 

joshua tree

Joshua Tree: Le paradis des cactus est aussi celui des amateurs d'escalade

Les plantes grasses, comme ces oponces sauteurs, prospèrent au coeur du désert de Sonora, en Californie. Les branches de ces cactées tombent sur le sol, où elles s'accrcochent au pelage des animaux de passage. Ceux ci participent ainsi à leur dissémination. Le site, classé parc national à l'automne dernier, tire pourtant son nom d'une autre plante. Le Joshua Tree est une liliacée de la famille du yucca qui pousse sur ces hauteurs. Il peut atteindre 4 mètres de haut et se développe dans un chaos rochaux. Ce paysage austère attire par centaines les amateurs de varappe. 

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23 juillet 2014

Création des parcs nationaux américains - suite

Promoteur de l'idée de "Wilderness" (nature sauvage), qui anime encore nombre d'Américains, john Muir consacra sa vie à découvrir les richesses naturelles des etats-unis. Il vécut dans la vallée du Yosemite, en Californie, et fut à l'origine d'un mouvement d'opinion demandant la protection du site. Le 30 juin 1864, le président Abraham Lincoln décidait, par décret, de protéger la vallée du yosemite et la forêt de séquoias de mariposa. "Pour l'usage et le loisirs de tous". Le premier "parc naturel" venait d'être créé.

Dans la nuit du 19 septembre 1870, dans le pays du yellowstone, au Wyoming, 19 membres de l'expédition du géologue Washburn échangent leurs impressions au coin du feu. Certains plaident en faveur de l'esploitation minière du site. L'un d'eux, carnellios Hedges, s'y oppose. Après de vives discussions, l'idée est lancée d'engager une campagne pour obtenir une réglementation sur la protection des sites naturels. Des centaines de milliers d'hectares vont bénéficier de ce nouveau statut voté par le Congrès. L'année 1872 marque le triomphe du mouvement sur ceux qui pensent qu'un gouvernement fédéral n'est pas au pouvoir pour "élever des animaux sauvages".

La décision de classer le Yellowstone est prise alors que, à l'est du Wyoming, les guerres indiennes font encore rage: le général Custer ne tombera sous les coups des Sioux, Cheyennes et Arapahos qu'en 1876! L'appellation de "parc national" sera adoptée officiellement quelques années plus tard, les Etats-Unis faisant une nouvelle fois figure de pionniers en la matière.

En l'absence de tout modèle, l'organisation des parcs restait à imaginer. Au Yellowstone, faute de budget, de moyens de promotion et d'autorité légale, les directeurs se succédaient, impuissants devant la recrudescence du braconnage et du vandalisme causés par des touristes de plus en plus nombreux. Alors, on décida de faire appel à l'armée. En 1886, la cavalerie prenait, à titre temporaire, la relève de la garde. Elle allait séjourner 32 ans dans les parcs. 

En 1916, le gouvernement exigea que les 36 parcs créés soient confiés à un unique bureau fédéral, le National Park Service pour "promouvoir et réguler l'utilisation du domaine fédéral, connu sous l'appellation parcs nationaux, monuments réserves. le dynamisme et le génie de Stephen T Mather qui le dirigea pendant 13 ans permirent de leur donner un réel essor. Il paya lui même une importante campagne de presse, trouva des sources de financement multiples, dont ceux des chemins de fer, proposa des structures d'accueil raffinées, voire luxueuses pour des touristes qui, disait-il, "seront plus disposés, le ventre plein, à apprécier la beauté des paysages". 

Dans les années trente, les activités pédagogiques sur le thème nature, organisées par les rangers, se multiplièrent et le service des parcs fut considéré bientôt comme "la plus grande université du monde".

C'est sans doute pendant la seconde guerre mondiale que les parcs nationaux souffrirent le plus: On extrayait du cuivre dans le grnd Canyon, du manganèse dans le parc de Shenandoah, du tungstène dans le Yosemite. L'abattage des pins de Sitka dans le parc d'Olympic pour la construction de matériel de guerre fit scandale. L'exploitation des ressources ne diminua pas après la guerre, mais l'opinion publique se dit plus vigoureusement entendre.

Les parcs nationaux représentent aujourd'hui aux Etats-unis ce que le patrimoine historique est à l'Europe. Ils sont devenus au fil de l'histoire, "les cathédrales séculaires" du pays ou encore, tels que les a définis l'ambassadeur britannique James Bryce: "La meilleure idée que l'Amérique n'ait jamais eue".

 

parcs nationaux

23 juillet 2014

La meilleure idée que l'Amérique n'ait jamais eue... Les parcs nationaux.

En créant dès 1864, le premier parc naturel du monde, les etats-unis ont inventé plus qu'un concept, une philosophie...

Lorsque les premiers colons débarquèrent en Amérique, la démesure des paysages s'opposait tellement à leur cadre de vie européen qu'ils en furent intimidés. Cependant, l'immensité des espaces les incita rapidement à repousser toujours plus loin vers l'Ouest leur frontières. Ces contrées, supposées sésertiques et peuplées d'indiens hostiles, se révélèrent, aux yeux des premiers explorateurs, comme un territoire fertile et accueillant. C'est ainsi que le mythe de l'Ouest aride fut peu à peu remplacé par celui du nouvel éden.

Les pionniers massacrèrent tout sur leur passage. L'extermination des bisons et de la culture des indiens des plaines qui en dépendaient ne doit pas effacer celles du jaguar d'Arizona, de l'antilope nord-américaine, du grizzly mexicain, du pigeon voyageur, ainsi que de huit sous-espèces de loup... Le sort des grands espaces américains était scellé, en 1862, par l'adoption du Homestead Act, incitant les populations à s'établir sur les nouveaux territoires.

Lors de la ruée vers le pacifique qui s'ensuivit, beaucoup parvinrent à se rendre légalement propriétaires d'immenses territoires, véritables "parcs" privés. Il n'allait bientôt plus rester de place pour les citoyens amoureux d'espaces verts. Les Etats réclamèrent aussi le droit de partage... Au lendemain de la guerre de Sécession qui avait déchiré la nation, la nature allait jouer un rôle fédérateur en devenant le patrimoine commun à tout citoyen. De là naquit le désir de préserver l'environnement comme témoin de la civilisation américaine. Au XIX ème siècle, un philosophe, Henry thoreau, un écrivain Georges Perkins Marsh et un naturaliste John Muir, prirent conscience du risque lié à l'expansion anarchique de l'urbanisation et de l'Industrie. 

Contraiement aux calvinistes, qui pensaient que la nature n'ouvrait ses portes qu'aux âmes libres de tout péché, Thoreau affirmait que la nature apportait le meilleur aux hommes. Marsh entreprit la rédaction de "Man and Nature". Il fit comprendre combien le monde est remarquablement stable sans la présence de l'homme: "Partout l'homme est un agent de désordre. Partout où il pose ses pieds, l'harmonie de la nature tourne au désastre..." Dès sa publication en 1864, cet ouvrage fut un succès. En écrivant "Il est souhaitable que de vastes espaces américains, facilement accessibles, restent aussi longtemps que possible en leur état primitif". Marsh venait de devancer le concept de parc.

 

22 juillet 2014

Voyager aux Etats Unis

Capture d’écran 2014-07-18 à 14

Voilà c'est terminé pour le voyage à travers les grands parcs américains. J'ai publié ce carnet de voyage car il est rare aujourd'hui je trouve de trouver des récits aussi riches et bien écrit. Comme expliqué dans mon premier article, je l'ai trouvé dans un magazine GEO qui date de 1995 mais, pour avoir fait le tour de la cote ouest avec mes parents il y a quelques années, je peux vous dire que ce récit, bien qu'il date un peu, est tout à fait fidèle à l'expérience que j'ai vécu.

:) 

Avec mon copain on prévoit de repartir l'année prochaine aux Etats unis pour faire un road trip, toujours sur la côte ouest lol. C'était vraiment le voyage de ma vie. Lorsque je dis que je pars aux Etats Unis, tout de suite les gens me parlent de gratte ciel et d'hamburgers, m'explique que sur le plan culturel ce n'est pas le meilleur voyage à faire ... c'est justement pour cette raison aussi que je tenais à publier ces carnets de voyage. L'immensité et la splendeur des parcs nationaux américains me coupe le souffle, on passe vraiment d'un univers à un autre à chaque état, je trouve vraiment ça extraordinaire.

Enfin bref, après je comprends aussi qu'on puisse ne pas aimer les Etats unis, je respecte, mais je pense qu'il faut quand même y aller une fois dans sa vie pour pouvoir avoir un avis sur le sujet!

Oui et du coup avec mon copain on regardait les billets d'avions là, c'est cool parce qu'on pense partir en septembre / octobre et en général les prix sont bien mois élevés. D'autant plus qu'on est assez flexibles au niveau des dates puisque lui comme moi, on sera en vacances pendant 2 mois. Donc voilà on devrait pouvoir trouver un truc pas trop cher!

Si vous partez en vacances vous aussi et que vous n'avez pas de dates précises en tête, je vous conseille de faire comme nous et d'utiliser un comparateur de vols dates flexibles  comme ça vous pourrez voir les prix des billets d'avion sur la semaine ou le mois en cours et voir quel jour exactement est le moins cher pour partir et revenir. Je dis ça parce que je n'utilisais pas de comparateur de vols avec cette option avant et du coup je perdais facile 150-200 euros... bon après parfois on a pas le choix non plus sur les dates hein , mais quand on l'a autant comparer !

Si vous voulez faire le tour de la cote Ouest comme nous, je vous déconseille de prendre une formule toute prête (sauf si c'est vraiment vraiment pas cher) ou d'aller en Agence de voyage, vous risquez de payer une fortune!! Le mieux en fait c'est de regarder des blogs sur internet, il y a tout un tas de personne qui racontent leurs voyage et donnent toutes les adresses de leur itinéraire.

Vous pouvez aussi acheter le guide du routard spécial cote ouest et parc nationaux, ça coute 12 euros je crois et franchement vous avez tout ce qu'il faut à l'intérieur. Après c'est sûr que ça demande un minimum d'organisation pour réserver l'ensemble des hôtels etc , mais je pense que c'est plus sympa et que ça coute moins cher de le faire à la carte , selon vos envies et la durée de votre voyage 

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires et à me poser vos questions en bas de l'article ! 

21 juillet 2014

L'histoire des Hopis - suite du récit

Le lendemain matin, je descends à la rencontre de Pueblo Bonito, village majeur de Chaco. Même style de structure qu'Aztec. Sur plus d'un hectare, autour d'une place centrale, 800 pièces bâties sur quatre ou cinq étages et tenues par un immense mur d'enceintes en demi cercle. Les spécialistes s'accordent pour dire que Chaco était sans conteste le principal foyer de la culture anasazi. Un centre religieux - une trentaine de Kivas creusées dans le sol de la place centrale, pouvant accueillir chacune des centaines de fidèles. une plate-forme commerciale, un formidable réseau routier de 1800 kilomètres, reliant Chaco à quelques dizaines d'autres communautés, dont Aztec. Non pas de simples pistes tracées par le passage répété de voyageurs-commerçants, mais de véritables autoroutes, larges de 8 mètres, bordées de tours d'éclairage, de kivas, d'aire de repos, de murets de soutènement. Bâti entre 900 et 1200, Chaco est également abandonnée vers l'an 1300.

Je songe à une comète emportant les Anciens vers d'autres devenirs. Mesa verde, Aztec, Chaco Canyon...Et puis encore Wupatki, Betatakin, Tsegi Canyon. Partout, c'est le même phénomène. Le peuple des Anciens disparaît mystérieusement à l'aube du XIVe siècle. 

pueblo bonito

Entre Keams Canyon et hotevilla (Arizona) s'ouvre le territoire des Indiens Hopis (les pacifiques), Black mesa Country. Terre sacrée entre toutes, car la tradition veut que le peuple hopi ait été le premier à occuper la région. Le ciel est d'un bleu pur. Le soleil déclinant promène une lueur ambrée sur le paysage aride. Pourtant, en bas, dans la vallée, la terre est cultivée. Le dry farming, un maïs d'une espèce solide, planté très profondément, et qui mûrit très vite, sans soufrrir des températures extrêmes. Une route escarpée me mène à First mesa. Là, 200 mètres au dessus du désert, au sommet d'une menaçante falaise, se tiennent les villages de Sichomivi, Walpi, Terkinovi. Je dois laisser ma voiture devant le Youth Center. Pas question d'aller plus loin sans être accompagné.

Depuis le XVI ème siècle, date ou les Espagnols leur firent une première visite, les Hopis ont appris à être méfiants. Reva sera mon guide. Elle appartient au clan du nuage. Des yeux bruns rieurs, une peau cuivrée, de long cheveux de jais. Nous traversons quelques ruelles poussièreuses bordées de maisonettes de pierre. Et bientôt, devant moi, au bout d'un étroit chemin dallé coiffant un aplomb vertigineux, Walpi. L'un des plus vieux villages du continent nord-américain, habité de façon ininterrompue depuis mille ans. Assis au pied d'une antique Kiva en adobe, un vieil homme au visage parcheminé me scrute avec attention.

hopis

Avec Old Oraibi, situé sur Third Mesa, on peut dire que l'histoire hopi a commencé ici, à Walpi. Ou plutôt non, pas tout à fait... Genèse d'un peuple: le mythe hopi raconte la fin d'un monde, englouti par les eaux, et l'émergence des rescapés dans le monde supérieur, notre Terre. la légende situe cet accès quelque part vers Salt canyon, dans la vallée du little Colorado. Devenus des êtres terrestres, les Hopis, sous la sage autorité de Grand-mère-araignée, se divisent en quatre clans principaux et se mettent en route vers l'Est, l'Ouest, le nord et le sud. Commence alors une longue période de migrations annoncée par les prophéties. Ponctuée de haltes plus ou moins longues, elle durera plusieurs centaines d'années.

Pendant ces époques, les Hopis seront amenés à édifier des villes pour ensuite les abandonner. Partout où ils passeront, ils devront cependant laisser leur signature dans la pierre, indiquer par où ils sont venus et par où ils sont partis, de façon à ce que leur témoignage reste dans les mémoires. Au terme de ces migrations, les Hopis seront enfin conduits vers leur lieu de résidence permanent, le centre de l'univers. Le territoire actuel de Black mesa.

Le vieil homme assis au pied de la kiva m'adresse un demi-sourire. Reva s'est interrompue et, de la main, dessine dans le sable une forme serpentine, puis une double spirale inversée, puis ce qui ressemble à une patte d'ours. Elle ne me dit rien, mais j'ai reconnu les pétroglyphes vus au Visitor Center de Mesa Verde. Exemples de nombreuses traces retrouvées dans les cavernes anasazis. J'ai soudain la très étrange impression que Reva connaît exactement les questions que je me pose et qu'elle y répond à sa façon. "Les Hopis sont les descendants des Anasazis, c'est ce pas?" Elle a un sourire radieux pour me dire: "Qui sait si les Anasazis n'étaient pas les descendants des Hopis..." Dans les canyons enneigés, tous les indiens ont mille ans. 

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20 juillet 2014

La prophétie de la danse des fantômes - Suite du récit

Je repense à cette prophétie de la Ghost Dance, danse des fantômes. Cérémonie du dernier espoir, dont Wovoka, guerrier paiute, eut la vision. Nous sommes en hiver 1890. La conquête de l'Ouest est pratiquement achevée.

danse des fantomes

Les derniers Indiens, parqués dans les réserves, sont en proie à la famine, à la maladie, au décharnement de l'âme et du corps. Je cite Wovoka: "Le grand esprit a dit que, par le pouvoir de la danse du fantôme, la terre s'enroulerait à la façon d'un tapis, emportant toutes les oeuvres de l'homme blanc : les clôtures des campagnes, les villes minières avec leurs lunapars, les usines, les voies ferrées et les potaux télégraphiques. Et sous ce monde blanc enroulé pour de bon, nous retrouverions la prairie et ses fleurs, non contaminée, avec une horde de bisons et d'antilopes, ses nuages d'oiseaux, donnés à tous, réjouissance commune".

La prophétie devient un chant de guerre. Dans la réserve de standing Rock, Dakota du Sud, la police et l'armée prennent peur. Sitting Bull, chef spirituel de la nation sioux, est assassiné. Un massacre s'ensuivra, tristement célèbre: Celui de Wounded Knee.

J'arrive à Nageezi dans les feux du soleil couchant. Le paysage s'enflamme. Les pages du grand livre de la plaine se colorent de rose, d'orangé, de carmin... Le ciel déverse un fleuve de nacre. Les falaises semblent s'animer. Des ombres mauves galopent à mes côtés. Chaco Culture National Park... Encore 30 kilomètres de piste.

Je gare ma Buick couverte de poussière rouge devant un bâtiment de bois, trading post station service épicerie... et bed-and-breakfast. A l'intérieur, quelques articles d'artisanat indien parmi les snacks et la quincaillerie. Un indien est en train de dévorer un "ice-cream cone", le regard dans le vague. Un repas frugal. Puis une chambre rustique. Fenêtre sans volets, ni rideaux. Je m'endors en contemplant les constellations glisser au-dessus du désert. Un cheval hennit. Des chiens aboient. Je m'endors en rêvant de Mesa Verde.

 

19 juillet 2014

Nouveau Mexique - Suite du récit

Interstate 550. Le lendemain matin, je délaisse le Colorado pour descendre vers le Nouveau Mexique, prochaine étape: Aztec Ruins National Monument. Une imposante barre de nuage traverse le ciel d'Est en Ouest. Derrière moi, il neige sur Durango. Devant, l'horizon est d'un bleu intense, le soleil chauffe la plaine parsemée d'armoise et de cactées. 

La route est une large bande noire rectiligne taillée dans la terre rouge. Une boule de chapparal poussée par le vent court sur le talus. Deux stations service, un liquor store devant laquelle des indiens désoeuvrés, semble monter la garde, un motel délabré dont le néon penche maladroitement au bout de son mât, une cafétériat. Plusieurs rangées de mobile homes posés sur des parpaings, échoués dans un terrain vague comme des navires sans voilure. Le panneau "Aztec ruins National monument" est caché par un autre, indiquant un lotissement pour retraités. "Aztec Retirement Home". Ruines et retraités ensemble. L'éternité est au bout. 

aztec ruins

Batie entre 1111 et 1115, Aztec fut autrefois une importante cité anasazi. 450 pièces soudées les unes aux autres, sur trois étagères par endroits, groupées autour d'une place centrale. Au centre de cette dernière, une vaste kiva. L'énigme posée à Mesa Verde et Hovenweep prends ici une nouvelle densité. En effet, Aztec fut abandonnée vers 1300, deux générations seulement après son parachèvement. Lorsque le site fut découvert, on retrouva les fenêtres et ouvertures dans les toits scellées, tous les biens laissés sur place. Comme si les habitants entendaient revenir un jour...

Pour quelle raison les Anasazis ont ils soudain déserté ces villes qu'ils avaient mis tant de soin à bâtir? Et où sont ils allés ? Les thèses rationalistes de certains Visages pâles évoquent une terrible sécheresse qui sévit à cette époque dans tout le bassin de San Juan, poussant les Anciens à descendre vers la vallée du Rio Grande. Ou de mystérieux ennemis les harcelant sans cesse. Au point que leur existence en serait devenue intolérable. Aucune de ces explications n'est véritablement satisfaisante, même si elles contiennent des éléments de réponse. Sherman Alexis, un Indien Spokan a écrit : "Ces indiens ont disparu, abandonnant leur repas sur le feu, abandonnant l'air qui attendait encore d'être respiré. Ils sont devenus oiseaux, poussière, ou bien se sont fondus dans le bleu du ciel et dans l'or du soleil."

aztec 2

Ma descente vers le centre du Nouveau Mexique et vers le coeur de l'énigme Anasazi se poursuit. State 44, direction Chaco culture National Historical Park. 4 heures de route à travers les terres rouges. Montagnes aux sommets enneigés à l'Est. Plaine sauvage et désertique à l'Ouest où, tout à coup, s'ouvrent des ravins étroits et rectilignes, d'où surgissent des totems de pierre aux visages torturés. Homme antilope, éléphant perplexe, coyotte décharné. Une butte saumonée voûte le dos sous une rafale de vent. Une autre s'ouvre et prends subitement l'apparence d'une cathédrale ourlée de dentelle de pierre. Et le sentiment, dans cet espace, de n'être qu'un minuscule insecte sur le front d'un titan dont les épaules soutiennent le ciel d'Amérique

Conseil voyages et comparateur de vols

15 juillet 2014

Hovenweep National Monument - Suite du récit.

Au cours des expéditions scientifiques successives, des centaines d'autres villages seront découverts, disséminés à travers les canyons. Plus de huit cents sites différents. Dont un réservoir géant à partir duquel s'étendait un système d'irrigation extrêmement sophistiqué. Dans son âge d'or (Entre 1100 et 1300), il semble que Mesa Verde ait compté jusqu'à 70 000 habitants.

Qui étaient les Anasazis? Vanniers et potiers semi-nomades durant les premiers siècles de notre ère, habitant alors des "maisons à fosse" circulaires, partiellement enterrées et surmontées d'un toit de chaume. Ils commencent à regrouper leurs habitations vers le milieu du VIIIème siècle, utilisant l'adobe et la pierre pour bâtir en surface des maisons mitoyennes aux toits de boue. Et deux cent cinquante ans plus tard, devenus potiers émérites, agriculteurs chevronnés, architectes visionnaires, ils édifient ces bâtiments à étages, premiers du genre sur le continent Nord Américain. Les maisons enterrées demeurent cependant. Elles deviennent des "kivas" ou chambres de cérémonie. Ces mêmes Kivas que l'on retrouve encore chez les indiens Hopis, cette tribu pueblo restée la plus fidèlement attachée aux traditions du passé.  

hovenweep monument

Autres lieux, mêmes mystères. US Highway 666 à l'Ouest de Cortez ... Une cinquantaine de kilomètres de lande aride, ça et là fracturée de canyons. Blessures rouge vif, murailles érodées, failles géantes. Puis une route plus modeste, State 41. Je croise quelques rares voitures et quitte bientôt l'asphalte pour cahoter sur une piste caillouteuse. Quelques chevaux paissent en liberté parmi genévriers et pins pignons.

Et c'est Hovenweep National Monument. Le site s'étend sur les deux Etats du Colorado et de l'Utah. Le ranger de service a le sourire aux lèvres. Je suis son premier visiteur depuis deux jours. Il m'offre un café et, par la fenêtre de son cabanon, m'indique l'accès au chemin de randonnée. J'apperçois les ruines de deux tours jumelles perchées au bord du ravin. Pointant ensuite le doigt sur la montagne dont j'ai longé les contreforts, le ranger m'annonce: "Sleeping Ute Mountain" (littéralement: Montagne du Ute endormi). La découpe de la crête dessine bien la silhouette d'un homme couché, mains jointes sur le ventre. Nous sommes proches de la réserve Ute: "Les indiens d'ici disent qu'il s'agit du chef de leur peuple."

Le sentier décrit une boucle de 5 ou 6 kilomètres passant d'un bord à l'autre du canyon. Plusieurs grappes de ruines ça et là. De vastes maisons carrées. Même type de constructions qu'à Mesa Verde. Mais il s'agissait ici d'une communauté nettement plus restreinte. Une centaine d'individus tout au plus. Plusieurs tours isolées.

tour de pierre

Tours de guet peut être, ou tours solaires pour mesurer ou suivre la course du soleil et indiquer aux hommes le cycle annuel des semaines et des récoltes... Le sentier descend dans le fond du canyon. Quelques plaques de neige éparses fondent au soleil. Silence et solitude. j'imagine les pieds nus des agriculteurs anasazis marquant le sable brun de leur empreinte. Je m'agenouille pour caresser de la main le grès rouge de la falaise. Animal, plante, minéral... Tout vit, tout a une âme. "Le premier homme sur la Terre était un arbre", pourrait murmurer le fantôme d'un Ancien. 

A cet instant, saisi par la magie de l'endroit, il me semble que si je savais entendre avec l'oreille de l'âme, les pierres d'Hovenweep me raconteraient leur histoire. Aujourd'hui envahi de yuccas et de genévriers, le lit du canyon était autrefois planté de maïs, de courges, de tabac. Ce tabac que les Indiens fumaient rituellement pour invoquer l'esprit de leur Grand-Mère-Araignée, celle qui les guidait sur le chemin de la Vie, celle qui les protégeait du mal et les secourait par ses remèdes et ses métamorphoses. 

15 juillet 2014

Mesa Verde

700 mètres au dessus du plateau du Colorado. 2000mètres au dessus du niveau de la mer. Une gigantesque table rocheuse de 32 kilomètres de long sur 22 de large, creusée de canyons de grès brun et rouge. Genévriers, chênes, sapins de Douglas, pins ponderosa.

mesa verde

Après quelques kilomètres, je m'arrête à Park Point. En contrebas, la plaine de Montezuma. Le regard s'étend sur les paysages des quatre Etats: Colorado, Arizona, Utah, Nouveau Mexique. Les pics enneigés se découpent sur le ciël bleu. Le cri d'un oiseau de proie déchire le silence. La route continue, accrochée à la montage...

Navajo Hill, Chapin Mesa. Une sensation d'envoutement me gagne. La splendeur et la démesure. Calme furreur des plissements du relief. Secousses anciennes de la Terre pétrifiées dans les sourcils levés de la rôche.

Aplombs vertigineux et courbes douces... Il y a 70 millions d'années, une mer travaillait ici jour après jour. Les lentes mains des courants, l'assault fulgurant des tourbillons. Flux et reflux brassant et jetant alluvions, sédiments, et bâtissant, strate par strate, le sol sur lequel je me tiens maintenant. Tous ces "maintenant" du temps pour composer ce paysage d'éternité silencieuse. 

J'arrive en vue de Wetherhill Mesa. Et c'est le choc de la rencontre... Sur le versant opposé du canyon, une large et profonde cavité s'ouvre dans la paroi rocheuse, révélant une étrange cité faite de maisons à étages. Des bâtiments de pierre ocre, une tour carrée. Bastion imprenable. Nid d'aigle. Ici vivaient les premiers indiens, les Anasazis. En langue navajo, les "Anciens".

mesa verde 1

Remontons le temps. Nous sommes le 18 décembre 1888. Richard WetherHill et son beau frère, Charles Mason chevauchent en silence l'un derrière l'autre. Ils ont quitté à l'aube leur ranch de Mancos, à la poursuite de quelques têtes de bétail égarées. Les traces des bêtes sont faciles à suivre dans la neige. C'est alors qu'au détour du chemin, Richard Wetherhill se fige soudain sur sa monture. 

Depuis six cent ans que les Anasazis ont quitté Mesa Verde, il est le premier humain à poser le regard sur ce "château enchanté". Les deux hommes baptiseront leur découverte Cliff Palace. Plus de deux cent pièces blotties dans le demi jour de la caverne. Les cow-boy vont explorer les canyons environnants et découvrir d'autres village dans l'ombre des gorges : Square Tower House, Spruce Tree House... Et chaque site abonde en trouvailles archéologiques. 

A Boston ou Washington, ces babioles valent leur poids en dollars. Les WetherHill vont en remplir de pleins chariots et exploiter le filon. Il faudra attendre quelques années pour que le site soit efficacement protégé du pillage. En 1906, il sera officiellement classé parc national.

15 juillet 2014

Parcs américains - Récit de voyage de F.Lasaygues

Ce blog raconte le récit de voyage de F. Lasaygues, journaliste pour Geo qui partit explorer la côte Ouest en 1995.

CORTEZ

 

Cortez

 

Cortez, une porte du Colorado pour accéder au Mesa Verde National Park. A dix miles de la petite ville, revêtue de son manteau d'hiver, cette immense table rocheuse est rendue à la mémoire indienne, aux esprits des hommes de nature qui convergeaient vers ce nombril du monde dans l'Amérique sans colons. Dans ces espaces en hibernation, à la fin du mois de janvier, les rangers peuvent croiser les ombres des premiers habitants d'avant la conquête de l'Ouest.

J'ai voulu y faire une trace dans les neiges du temps. Dernière étape avant la rêverie sauvage: Waldo's Trading post. J'arpente les allées du magasin. Bracelets d'argent ciselé, turquoises, colliers, boucles de ceinture, peinture sur sable, poupées kachina, tous les articles fétiches.

Aujourd'hui centres d'artisanat et boutiques de souvenirs, les trading posts étaient autrefois les lieux de rencontre et d'échange entre deux civilisations. L'indien descendu des collines troquait un lot de couvertures tissées contre un fusil. Le cow-boy venait prendre livraison des rouleaux de fil de fer et piquets de clôture commandés le mois passé. Dans les larmes, la sueur, le sang et le whiskey, le Far west bâtissait sa légende.

cortez 2

"If I can help you with anything, just let me know", Si je peux vous aider pour quoique ce soit, faites-le moi savoir. Mister Waldo est un visage pâle tout maigre et ratatiné. Une lueur s'allume dans son regard tandis qu'il suit ma progression d'une vitrine à l'autre. Le client est plutôt rare en cette saison. Je contemple une rangée de poteries aux sujets désespérément figuratifs. Rien à voir avec les splendides motifs hopis.

L'art détourné de sa fonction sacrée afin de s'intégrer dans le salon de l'américain moyen. Mr Waldo ne me lâche pas. Il m'assure que tous les articles sont réalisés par des indiens (Toujours ça que Taiwan n'aura pas!) Pour appuyer ses dires, il m'entraîne dans la réserve. Une sorte de hangar chauffé par un vieux poële à bois. Le cèdre blanc qui l'alimente diffuse un parfum d'encens. Là, dans le cercle lumineux d'une lampe de travail, un indien de 25 ans environ, pinceau à la main, fignole une silhouette de bison sur un vase plat à long col. Mr Waldo plisse les yeux. Il me regarde, il semble s'excuser. Puis il s'adresse au peintre. Le ton est ferme "Tu vas me faire un arbre là, derrière quelque chose... un peu de couleur". L'Indien suspend son pinceau. Ses épaules s'affaissent en un soupir silencieux: "C'est un bison dans une tempête de neige".

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